L’histoire du journal :

En mars 2016, lorsque je trouve cette carte postale, je reviens d’un mois de voyage en Suède, au cours duquel j’ai vécu une semaine dans une cabane sans eau courante ni électricité, seule avec ma chienne, en lisière de forêt.
Démissionnaire de mes études de droit depuis un an, je n’assume pas encore le choix d’entrer en école d’art malgré des velléités artistiques depuis l’adolescence et un appel renouvelé à peindre. Face à tant d’incertitudes, les forêts deviennent mon ancrage.

Le 19 septembre 2016, je décide de peindre à l’aquarelle cette image, chaque jour, pendant un an.
Comme une façon de continuer le voyage, de prolonger la vie dans les bois. Je veux aussi aller au bout de quelque-chose.
Un an et 365 forêts en aquarelle plus tard, je fais le bilan de tout ce que ce projet m’a apporté et je décide de le poursuivre : les couleurs de l’aquarelle laissent la place au noir et blanc. C’est l’année de mon entrée en école d’art. Les années passent et j’explore tour à tour : le camaïeu de bleu, le collage, le multiple (estampe, transfert, impression), le dessin narratif, le dessin digital et le dessin sur calque.

Le journal de forêts est le projet de dessin et d’écriture à l’origine de ma pratique artistique. À ce jour, il compte plus de 2700 dessins.

Chaque jour, depuis le 19 septembre 2016, j’interprète la carte postale ci-contre, dans son format d’origine, selon une technique et/ou une contrainte définie pour une durée d’une année.

Ce projet expérimental questionne l’épuisement du sujet par la répétition et la variation. Il intègre totalement l’échec, l’erreur et la déception au processus de création. Je ne recommence jamais une forêt. Il est avant tout question de faire de manière quotidienne : le dessin pour le dessin.

Aussi, c’est un projet d’écriture intime. Au dos de chaque forêt, j’écris la date, le lieu et la météo. J’y raconte ma journée, mes pensées, sentiments et humeurs. Certaines années, selon des protocoles d’écriture, j’y ai écrit un récit autofictionnel ou encore de la poésie.

Wengen, Waldpromenade zur Hunnenfluh, carte postale originale, 9 x 13 cm, cachetée de La Poste en 1916.