Ma pratique s’ancre dans le dessin et la peinture. En noir et blanc comme dans la couleur, j’affectionne les personnages hybrides, qui entrelacent la nature animale et humaine.

Cette hybridation des corps va de pair avec l’hybridation des médiums, de l’encre à l’acrylique, du fusain à l’huile, de l’écriture au collage. Dans le tableau Killy Baby Laurie, on découvre l’oiseau Saturne flottant dans le décor coloré d’une salle à manger, au sol en damier. À la porte, le chien Rose veille. Le champ chromatique est vif et gai, quoique l’inquiétude traverse la composition, étrange par sa perspective rabattue et déformée, incongrue par les éléments de fiction qu’elle met en scène.

On retrouve ces mêmes personnages dans une série de céramiques mâtinées de laine : des masques nés de l’assemblage de matériaux complémentaires, qui donnent une nouvelle existence à ces créatures, personnages totem ou alter ego, famille imaginaire qui pourrait sortir d’un rêve.

L’aspect sériel de l’oeuvre et ses figures récurrentes ramènent à ma pratique de diariste et à la tenue quotidienne de mon journal : dans le projet Journal de forêts, je lâche prise et j’explore des formes inédites dans la variation au long cours.

Inspirée iconographiquement et spirituellement par l’astrologie, ma pratique est indissociable des voyages, où j’expérimente en immersion dans les contrées du nord la symbiose avec les grands espaces, le froid, la solitude : autant d’images et de sensations qui nourrissent le travail a posteriori.

Dans la série en cours Terre Arctique, dessins, caviardages et poésies réalisés à mêmes les pages du livre éponyme, mêlent mon expérience de la nuit polaire aux récits d’explorateurs scientifiques du siècle dernier.

Ce projet, débuté lors de ma résidence au Groenland dans le village isolé d’Akunnaaq (déc. 2024), s’inscrit dans le prolongement de la série des Soleils en céramique; il approfondit mon intérêt pour l’animisme et les pratiques chamaniques, en ce qu’elles ouvrent un accès à un monde invisible qui voisine et dialogue avec le nôtre.